La fille en face de moi

La fille en face de moi

Je l’ai bien regardé ou alors c’est elle qui m’a regardé ?

… Je ne saurai dire…

Une chose m’a frappé quand j’ai fixé ses yeux, ils étaient verts ou alors bleus ? Peut-être les deux …

… J’ai eu un doute et une certitude en même temps !

Je me suis dit peut-être qu’elle me regarde …et elle ne voit que moi et le décor en arrière-plan mais si moi je la regarde dans le fond de ses yeux ce n’est pas elle que je verrai mais l’infini derrière elle, le temps, l’espace, l’envers… une fenêtre ou plutôt …

… Ses yeux comme une barrière entre le visible et l'invisible, le haut et le bas, l’intérieur et l’extérieur… l’autre côté…

J’en suis sure derrière ses yeux clairs se cache l’immensité, un océan de doutes et de certitudes…

Son iris ne me transperce pas mais m’invite à voir au-delà d’elle… quelque chose de merveilleux et de désabusé se cache derrière les deux rayons irisés d'azur qu’elle projette sur le monde …des balises ? Une lumière en tout cas…

On dirait qu’ils en savent beaucoup plus qu’ils ne le croient ou bien qu’ils en ont vu plus qu’il n’aurait fallu…
…un monde grave et un monde enfantin… la liberté et la tourmente

Ses yeux clairs enchantent et nous font rêver du monde tel qu’il devrait être…absolu, vivant

… tandis que mes yeux foncés renvoient à un miroir de l’âme, reflètent une partie de nous que nous ne sommes pas toujours prêt à voir, ils font même parfois peur, par leur simplicité et donnent envie de fuir quand la vérité s’impose car moi je n’ai pas d’immensité à proposer…juste des yeux pour pleurer…

… juste la réalité à voir en face, juste le décor en carton-pâte dans lequel nous évoluons tous les jours, loin de la folie, loin du ressenti, des sensations dépaysantes d’un avenir nouveau, comme lorsqu’on se promène un matin tôt dans une ville nouvelle, inconnue, sans savoir où se rendre exactement, mais heureux d’être là, de goûter un café assis à la terrasse, de lire un journal où tout nous est étranger, les événements décrits, les lieux, même les mots…

… juste un cœur qui saigne d’être différent… de voir le monde avec des yeux d’enfants,  de se regarder enfin et vraiment… comme avec elle, la fille en face de moi …